Collectif : F(r)ictions politiques

vendredi 20 avril 2012, par Véronique Leroux-Hugon

La Cause des Livres, 2012

Ils se sont tant aimés. F(r)ictions politiques. Sylvie Bahuchet, Stéphane Beau, Françoise Guérin, et al.

Ambiance électorale aidant, c’est un appel à fictions politiques, qu’à lancé le 19 Juillet 2011 Martine Lévy, éditrice de La Cause des Livres, dans les termes suivants : un appel citoyen à textes littéraires de fiction et d’autofiction autour de la politique et du pouvoir, propose des pistes, pour des textes courts. Fin 2011, elle avait reçu une centaine de propositions et réuni un comité de lecture pour un choix difficile. Cette découverte de nouvelles variées, venant d’horizons divers, d’écriture et de mises en scène multiples, toujours personnelles, est en soi une aventure. Il faut en effet trancher, éliminer, discuter des approches respectives des lecteurs, relire les textes, donner un sens à leur enchaînement dans le volume, composer dans les deux sens du mot.

Parmi tous ces envois ont finalement été retenues onze nouvelles qui, de taille, de style et de contenus divers, forment une mosaïque politique des plus réjouissantes, dessinent une carte de la France, l’ensemble réuni sous un titre à la Léo Ferré. Leurs auteurs, parisiens ou provinciaux, ont pour la plupart déjà publié.

Ils ont donc joué le jeu en s’amusant, mais aussi en pointant des thèmes vraiment politiques, sans avoir l’air d’y toucher. Pour ce faire, chacun use d’un style différent, qui fait l’attrait de ce kaléidoscope, pour mettre en place le décor où vont se dérouler les histoires, esquisser la silhouette des protagonistes de ces tragi-comédies au quotidien. On pense à une chanson de Jacques Prévert, entre Un bébé à l’Élysée, Changer de braquet pour changer d’avenir, L’heure de Moscou ou encore L’allocution du président. On rit jaune parfois, à l’évocation des sans-papiers ou du travail clandestin (El Ejido), des militants fatigués, mais on sourit lorsque les slogans se détraquent. On lit aussi des histoires de… cœurs qui croisent des aventures de militants ou des ripailles avouées (Un amour dévorant), avec ou sans Immunité parlementaire.

Ce sont finalement des nouvelles engagées. Les auteurs se sont lancés avec leur talent d’écrivain dans un exercice plus difficile qu’il n’en a l’air, et ont rédigé des scènes fort actuelles, variées, plaisantes à lire. Comme quoi l’écriture, fût-elle fictionnelle, permet aussi d’aborder le massif à priori abrupt du Politique, d’en gravir les pentes d’une autre manière.