Bruno Guérard : Le cahier d’un paysan du Lyonnais, Hugues Mayet (1682-1767)

mercredi 7 janvier 2009, par Michel Baur

Aux origines de l’autobiographie, de l’alphabétisation et de la modernité
Bellier, Lyon, 2008

Au XVIII° siècle, peu de paysans ont pris la plume pour tenir un journal des évènements importants de leur vie.

Hugues Mayet, vivant à Nuelles, un petit village à l’ouest de Lyon, a consigné pendant une soixantaine d’années, à raison de quelques inscriptions par an, des évènements familiaux la plupart du temps liés à une célébration religieuse (baptême, mariage…), des accidents climatiques avec leurs conséquences sur la vie quotidienne, des faits politiques, et des observations économiques (fluctuation des prix, taxes…). En 1695, une déclaration royale impose à chaque curé ou vicaire d’apprendre aux enfants du catéchisme à lire, écrire, compter.

Ce qui est imposé par le pouvoir central, a probablement commencé de se mettre en place, suppose Bruno Guérard, très attentif (c’est un ancien inspecteur du travail, chercheur en sciences sociales) à décoder le cahier dans la contextualisation la plus large possible. Ainsi, il observe que l’émergence du « je » coïncide avec le statut de responsable d’exploitation auquel Hugues Mayet accède, son père s’étant retiré, ou ayant été évincé pour des raisons de transmission patrimoniale. Les découvertes d’une consultation patiente des registres paroissiaux et des archives lyonnaises enrichissent ce journal, et donnent du sens aux évènements consignés dans les vingt-quatre pages du Cahier. Des hypothèses sont faites à partir des souvenirs choisis ou occultés pour mettre en évidence ce qui a fait agir (et écrire) Hugues Mayet, et nous éclairer sur son environnement quotidien, essentiellement rural mais influencé par la proximité de la grande ville.